Gagnez un rendez-vous avec Tad Hamilton!

Critique

C’est toujours décevant de voir un film commencer de façon originale et terminer de façon clichée. Cela rend les efforts d’invention des scénaristes totalement académiques, un bonbon pour nous attirer avant de nous fermer la porte sur le pied. C’est ce qui arrive avec Tad Hamilton.

Rosalee, Cathy et Pete sont trois meilleurs amis qui ont une existence bien tranquille dans la petite ville de Frazer’s Bottoms. Leurs journées sont passées à travailler à l’épicerie du coin, leurs soirées au cinéma, spécialement lorsqu’un film mettant en vedette Tad Hamilton y est présenté. Pete, secrètement amoureux de Rosalee, envisage cependant de quitter Frazer’s Bottoms pour aller à l’université et espère demander à Rosalee de l’accompagner. Malheureusement pour lui, cette dernière participe à un concours pour gagner une soirée avec Tad Hamilton et remporte le grand prix. Hamilton, le bel adonis qui n’est pas habitué à la saine simplicité des filles de la campagne, découvre chez Rosalee une bonté qui lui manque et qui pourrait combler le vide apparent de son existence. Il suit donc Rosalee dans son patelin dans l’espoir d’établir une relation durable avec elle.

C’est donc un thème fréquemment abordé par le cinéma américain que propose le film : La simplicité des « vrais gens » avec de « vraies valeurs » versus les fausses apparences d’Hollywood. Ce thème, similaire à celui déjà examiné par le réalisateur Robert Luketic dans Legally Blonde, est traité de façon absolument conventionnelle et convenue. Si ce n’était du talent des acteurs et de quelques touches satiriques savoureuses, Win a Date With Tad Hamilton serait à peine digne de mention.

Kate Bosworth est absolument charmante et possède le genre de beauté gracieuse et naturelle qui permet de croire que oui, un acteur vedette blasé d’Hollywood pourrait vraiment la suivre jusque dans son petit patelin. Josh Duhamel convient parfaitement au rôle de Tad. Il paraît juste assez beau et juste assez vide tout en demeurant relativement sincère et laisse soupçonner un bon gars. Topher Grace, de la série That 70’s Show, s’en tire plutôt bien dans un rôle absolument ingrat. Ingrat parce que le scénario est tout à fait débalancé en faveur de Tad et non de Pete, malgré le fait que ce dernier soit « le héros » du film.

Le principal problème du film est d’ailleurs qu’il veut plaire à tout le monde et ne rendre personne vraiment méchant. Cela divise donc la sympathie des spectateurs et dilue sévèrement notre intérêt à voir Rosalee finir avec Peter. Car Tad n’est pas assez « mauvais garçon » et Pete n’est pas assez « prince charmant » pour que la finale du film soit vraiment satisfaisante. On sait bien que Rosalee devrait finir avec Pete mais on s’explique mal pourquoi. C’est plutôt catastrophique pour une romance.

Ceci dit, le film n’est jamais ennuyant, surtout grâce aux personnages secondaires et aux clins d’oeil satiriques. Ces performances secondaires vont du subtil (l’excellent Gary Cole dans le rôle du père de Rosalee qui prend vite les manies d’Hollywood) au cabotinage de Nathan Lane et Sean Hayes (Will & Grace) dans les rôles du gérant et de l’agent de Tad. De plus, la durée du film ne laisse tout simplement pas le temps de s’emmerder, même si on déteste ce genre de film. Au départ au moins, Win a Date With Tad Hamilton semble lui aussi détester ce genre de film, avant d’en devenir un exemple parfaitement typique.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise