Gangster américain Affiche de film

Gangster américain

American Gangster

  • Date de sortie: vendredi 2 novembre 2007
  • Genre: Drame

  • Réalisateur: Ridley Scott
  • Producteur: Brian Grazer, Ridley Scott
  • Scénario: Steven Zaillian
  • Studio: Universal Pictures
  • Durée: 2h 37m
  • Site officiel: www.americangangster.net
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Critique

L’univers du crime peut s’avérer très payant. Parlez-en à Denzel Washington qui, pour son premier rôle de policier et de dur à cuire dans le Training Day/Jour de formation d’Antoine Fuqua, a obtenu son deuxième Oscar il y a quelques années. Le monde interlope fascine ; ses hauts placés font l’envie de plusieurs qui rêvent d’une vie axée sur le pouvoir et l’argent. C’est justement cette vie que Frank Lucas a en partie vécue dans les années 70, en banlieue de New York. Si son parcours et ses choix téméraires sont marquants, le film qui le met en scène - American Gangster - manque de panache. Et c’est le réalisateur Ridley Scott – pourtant un habitué des grosses productions – qui vient lui-même porter ombrage à ce parcours.

Quand son patron meurt d’une crise cardiaque, Frank Lucas (Washington) choisit de prendre la relève et se bâtit un véritable empire grâce au trafic d’héroïne à Manhattan. En remplissant les cercueils des soldats américains morts pendant la Guerre du Vietnam, il importe par la voie des airs des milliers de kilos de drogue. L’héroïne est vendue pure et à bas prix. Les affaires vont trop bien, le commerce est trop beau pour être vrai. Afin de faire tomber les grands bonzes qui font circuler cette substance illicite (transigée sous le nom de Blue Magic), l’inspecteur de la police new-yorkaise Richie Roberts (Crowe) forme une équipe et en vient à cibler Lucas.

American Gangster peut se compter chanceux de mettre en scène un acteur aussi imposant que Denzel Washington. Ce dernier joue aisément avec les émotions liées à ses responsabilités professionnelles et criminelles, mais est tout aussi impressionnant quand vient le temps de livrer les scènes de la vie quotidienne, auprès de sa famille et de sa femme. Il crève l’écran, supportant admirablement bien un scénario qui lui offre de nombreuses possibilités. Malheureusement, le policier campé par Russell Crowe n’a pas le même coffre. Son personnage d’homme ordinaire, troublé par le départ de son jeune fils pour Las Vegas et la mort de son meilleur ami, est loin d’avoir le poids de son adversaire. Les scènes où Washington est absent ont beaucoup moins d’impact.

Malgré plus de 150 minutes, le scénario offre une multitude de moments intéressants et bien fignolés. Si le rythme n’est pas toujours égal, force est d’admettre que l’intérêt est habilement soutenu. Les différences majeures entres les vies que mènent Frank Lucas et Richie Roberts sont en grande partie responsables de ces étincelles. Les dialogues ont également leur mot à dire dans cette réussite, car ils sont tout sauf niais. Ici, pas de métaphores ou de répliques où il faut chercher un deuxième sens ; non, les protagonistes vont droit au but, entraînant inévitablement leurs familles respectives dans leurs parcours. La confrontation entre Lucas et Roberts n’est pas une guerre ouverte ; elle a donc le mérite de se dessiner tranquillement, sans presse et sans artifices inutiles.

Tous ces efforts pour faire de ce long métrage une grande réussite sont cependant atténués par une réalisation qui fait cruellement défaut. Sans être le plus grand magicien du septième art, le réalisateur anglais Ridley Scott nous avait pourtant habitués à une cinématographie avec plus de tonus. En plus de ne rien apporter de significatif à l’œuvre, il rate trop souvent une belle opportunité de donner du lustre aux scènes. Ses plans quelconques, sa caméra témoin et non actrice, et l’absence d’éléments artistiques ont parfois raison de cette histoire bien ficelée.

Somme toute, American Gangster offrira probablement une autre opportunité à Denzel Washington de mettre la main sur une statuette dorée. Le scénario bien ficelé pourrait aussi émouvoir suffisamment les membres de l’Académie du Cinéma pour le prochain gala des Oscars. Mais comme la rigueur au niveau de la réalisation fait défaut, mieux vaut jeter un coup d’œil, si ce n’est pas déjà fait, sur le Blow/Cartel de Ted Demme, mettant en vedette Johnny Depp. Un film qui prouve que la forme peut apporter beaucoup à un scénario intéressant.

Par Yan Lauzon

Vu en version originale anglaise.

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