Miracle Affiche de film

Miracle

Miracle (2004)

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Critique

Beaucoup de gens pensent, souvent avec raison, que quand on a vu un drame sportif, on les a tous vus. Le petit David arrivera à coups d’efforts et de cœur au ventre à battre le méchant Goliath. Karaté Kid aura la fille, Tin Cup aussi et Rocky l’emportera sur Apollo Creed (même s’il faut deux films pour ce faire). C’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit d’un film sportif basé sur un événement réel comme Miracle, qui raconte l’expérience de l’équipe de hockey olympique aux jeux de Lake Placid en 1980 et l'entêtement de leur entraîneur Herb Brooks.

Nous sommes en 1979 au début du film et l’Amérique n’est plus ce qu’elle était. Frappée par des scandales (politiques et autres), des difficultés économiques et des conflits beaucoup moins glorieux que les deux première guerres mondiales, la nation a perdu peu à peu la foi. Pendant ce temps, Herb Brooks est engagé pour entraîner l’équipe olympique de hockey. Cela fait 20 ans que l’épreuve est dominée par les soviétiques et Brooks en est fort conscient : la dernière fois que les États-Unis ont gagné, Brooks jouait sur l’équipe olympique avant d’être coupé une semaine avant les jeux. Il prend donc très personnellement la destinée de l’équipe et applique toutes ses énergies à former non seulement de solides athlètes mais surtout un esprit d'équipe inébranlable, une seconde famille pour les joueurs.

L’histoire donne raison à Brooks, : contre toute attente, les États-Unis vont battre les soviétiques et remporter la médaille d’or des jeux contre la Finlande. Le film d’O’Connor se concentre sur deux choses en particulier : les sept mois d’entraînement avant l’ouverture des jeux, et le match contre les soviétiques. Celui contre la Finlande, qui valut la médaille d’or à l’équipe, reçoit peu d’attention. Pour les gens impliqués, battre les soviétiques était le moment le plus significatif.

Volontairement ou involontairement, Miracle s'avère excessivement anachronique tant dans ses sentiments que dans sa présentation. Nous sommes aujourd'hui à une époque où la foi en ce genre d’institutions est probablement à son plus bas, que ce soit le comité olympique, les médias ou le hockey lui-même. Pourtant, si l’on se fie au film, il fut un temps où l’enthousiasme d’une nation entière fut galvanisée par cette bande de jeunes joueurs sortie de nulle part. Ainsi, sortez les violons s.v.p., l’Amérique a pu retrouver un peu de sa fierté perdue grâce à eux.

Miracle, de par son propos, est généralement efficace. Les péripéties de Brooks et son équipe ont beau être tissées de clichés de films sportifs, la touche de vérité et le charisme des acteurs l’emportent souvent sur le déjà vu. De plus, le fait qu’on sache qu’on regarde « une histoire vraie » nous pousse à nous investir un peu plus qu’on ne le ferait habituellement devant un film si conventionnel. Miracle est donc efficace malgré lui-même.

La distribution est plus qu’à la hauteur, elle surpasse le scénario et ses répliques cucul, à commencer par Kurt Russell. Idem pour Patricia Clarkson qui joue son épouse dans un rôle déficient mais marquant. Le réalisateur Gavin O’Connor, qui en est à son premier film pour un « major », a également eu la bonne idée d’engager des joueurs de hockeys pour leur montrer à acter plutôt que l’inverse. Cela ajoute donc à la crédibilité et contribue une certaine fraîcheur. Les jeunes acteurs qui composent l’équipe sont tout à fait corrects. Nathan West, qui joue Rob McClanahan et Eddie Cahill, qui joue le gardien Jim Craig, sont les visages les plus connus de la distribution (Cahill en particulier pour son rôle dans plusieurs épisodes de la série Friends).

Au niveau de la mise en scène c’est un peu en dents de scie. O’Connor réussit relativement bien à mettre en contexte l’aventure de l’équipe olympique même s’il y va un peu fort avec son montage d’ouverture, qui synthétise à peu près tous les événements majeurs de l’Amérique des années 70. De même, l’attention portée aux détails comme les vêtements, coupes de cheveux et décors de l’époque impressionne. Par contre la façon dont O’Connor tourne les séquences de hockey laisse à désirer. Il sert l’action de beaucoup trop près et l’excitation y perd beaucoup.

Malheureusement, le film n’étant présenté qu’en version française à Québec, j’ai complètement perdu l’émotion authentique de l’époque que la version originale offre avec les vrais commentaires de Jim McKay, Al Michaels et Ken Dryden pendant les matchs. C’est un autre détail qui aide la véracité du film. Y a des films (la grande majorité d’ailleurs) qui valent la peine d’être vus en anglais, chers studios, peu importe où l’on se trouve.

Triste de savoir que l’entraîneur Herb Brooks est décédé d’un accident de voiture quelques mois après la fin du tournage. Il n’a donc pas pu voir le film qui lui rend un si bel hommage.

par Nicolas Lacroix
vu en version française

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