21 (v.f.) Affiche de film

21 (v.f.)

21

  • Date de sortie: vendredi 28 mars 2008
  • Genre: Action, aventure, drame

  • Réalisateur: Robert Luketic
  • Producteur: Kevin Spacey, Michael De Luca, Dana Brunetti
  • Scénario: Peter Steinfeld, Allan Loeb
  • Studio: Columbia Pictures
  • Durée: 2h 03m | Classification: G
  • Site officiel: www.sonypictures.ca/french/movies/21/
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Critique

Quiconque a déjà mis les pieds dans un casino sait à quel point l’argent y est roi et maître. Tous les soirs, certains parieurs se laissent emporter par la fièvre du jeu, par le besoin incessant de mettre la main sur le jackpot, de faire la barbe à un croupier et, pourquoi pas, à l’établissement au grand complet. Au cinéma, Hollywood se laisse bien souvent embarquer dans des histoires de méfais qui ont lieu dans « ces paradis du jeu », soutenus par des crimes spectaculaires (pensons seulement à la trilogie débutant avec Ocean’s 11/L’inconnu de Las Vegas ou à 3000 Miles to Graceland/3000 milles de Graceland). Avec 21, l’arnaque est moins éclatante et le magot beaucoup moins impressionnant, mais l’important, c’est que le divertissement est au rendez-vous.

Ben Campbell est un jeune homme très intelligent et un étudiant fort doué. Suivant des cours à l’Institut de technologie du Massachusetts (le MIT), aux États-Unis, il accumule les A et les notes presque parfaites. Mais Ben n’a qu’une idée en tête : entrer à Harvard afin de mener des études en médecine. Le seul problème, c’est qu’il a besoin de 300 000 dollars pour payer les frais de scolarité et autres dépenses liées à son projet. Somme qu’il n’a pas. Or, il croira avoir trouvé la solution lorsqu’il se laissera convaincre de joindre les rangs d’un groupe d’étudiants, menés par son professeur Micky Rosa, qui comptent les cartes et font la pluie et le beau temps dans les casinos de Las Vegas en jouant au black jack. Sauf que c’était bien mal connaître le pouvoir du jeu…

Remarqué avec raison dans le drame musical et romantique Across the Universe à l’automne dernier, le comédien britannique Jim Sturgess tient avec succès la vedette du film, habilement épaulé par une distribution enjouée et diversifiée pouvant notamment compter sur la présence de Kevin Spacey (en instituteur ô combien sûr de lui) et sur celle de Kate Bosworth (femme au regard pénétrant et aux magnifiques transformations physiques). Heureusement, les acteurs s’investissent à fond dans leurs personnages et ne cachent pas leur joie de faire partie de cette aventure. Heureusement, car l’homme qui avait pour tâche de leur donner une direction – le réalisateur Robert Luketic – semble leur avoir laissé tout le poids du travail. Résultat : des interprétations parfois trop émotives pour l’importance des situations. Par contre, impossible de reprocher aux acteurs leur manque d’intensité au travail.

Le cinéaste Robert Luketic a toujours eu un vif penchant pour les comédies. Ses œuvres les plus vues - Legally Blonde/Blonde et légale et Monster-in-Law/Ma belle-mère est un monstre - pointaient non sans gêne dans cette direction. Cette fois, le réalisateur a opté pour un scénario à teneur dramatique et « inspiré d’une histoire vraie ». Il nous transmet avec éclat son amour pour la ville de Las Vegas, les cartes et les chiffres. S’il nous permet également d’apprécier son talent pour la direction artistique (lieux, jeux de lumière et esthétisme), il aurait gagné à offrir une place à la subtilité. À prendre à quelques reprises le loisir de suggérer au lieu de tout montrer. À laisser certains points et suspens, à nous offrir des moments avec des avenues multiples. À garder une frontière un peu floue entre ce qui aurait pu se passer et ce qui s’est réellement passé. Au contraire, il a péché par excès de confiance, proposant des ralentis artificiels et des scènes superflues. Bref, rien pour casser la baraque.

Destinée d’abord et avant tout à un public adolescent par ses préoccupations et sa vie axée sur l’école et les soirées entre amis (sans oublier l’argent), l’histoire de 21 est charmante et somme toute assez bien fignolée. Le scénario regorge de péripéties et évite, en grande partie, les pièges du mélodrame. Ici, on ne s’apitoie pas longtemps sur son sort ; on se retrousse plutôt les manches pour provoquer des changements. L’intrigue négocie quant à elle aisément entre les différents revirements de situation. Elle propose suffisamment de péripéties intéressantes pour soutenir deux heures à l’écran. Ce qui est loin d’être banal. Bien sûr, il y a toujours ces incohérences (comment est-il possible de tricher aussi facilement dans des casinos sans se faire prendre?) et cette confiance que les individus blessés retrouvent si rapidement. Bienvenue dans un monde où il faut plaire aux figures marquantes d’Hollywood. Mais l’histoire a ses forces et ses qualités qu’il ne faudrait surtout pas lui enlever.

Comme dans tout bonne partie de cartes, il faut savoir se garder une gêne, apprendre à bien doser les risques et à ne pas s’enfler la tête avec les victoires et les gains quand vient le temps de faire du cinéma. Les personnages de Ben Campbell et de Micky Rosa, figures importantes de ce 21, n’ont pas su conserver la tête froide. Le réalisateur australien Robert Luketic non plus. Mais ils ont compris qu’en bout de ligne, toute partie n’est ni plus ni moins qu’un jeu. Et accepter ça, c’est accepter de se laisser divertir.

Par Yan Lauzon

Vu en version originale anglaise.

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