Le jour où la terre s'arrêta Affiche de film

Le jour où la terre s'arrêta

The Day the Earth Stood Still

  • Date de sortie: vendredi 12 décembre 2008

  • Réalisateur: Scott Derrickson
  • Producteur: Erwin Stoff, Gregory Goodman, Paul Harris Boardman
  • Scénario: David Scarpa
  • Studio: 20th Century Fox
  • Durée: 1h 43m
  • Site officiel: dtessmovie.com
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Critique

Avant même de vouloir reprendre un film pour l’adapter au goût du jour, les responsables des grands studios américains devraient se questionner à savoir si la nouvelle histoire qu’ils ont entre les mains est suffisamment bonne pour être portée à l’écran. Car c’est bien beau de vouloir s’inspirer d’un classique de la science-fiction comme The Day the Earth Stood Still/Le jour où la terre s’arrêta parce que les scénaristes hollywoodiens sont à court d’idées, encore faut-il que le récit, revu et corrigé, soit pertinent et habilement raconté. Or ici, il n’en est rien. Pendant que le réalisateur Scott Derrickson abat un boulot honnête, il est pris avec une histoire présentée de façon beaucoup trop lente et des personnages qui laissent pantois.

Rien ne laissait présager l’arrivée d’un extraterrestre sur la Terre. Pourtant, il y en a un qui est débarqué en plein cœur de Manhattan : Klaatu (Keanu Reeves), un être ressemblant en tous points aux humains. Les conséquences sont immédiates, car des scientifiques dont les services ont été requis par le gouvernement américain tentent de comprendre cette venue. Appelée elle aussi en renfort, Helen Benson (Jennifer Connelly) a par contre une idée bien différente en tête, car elle choisit d’aider Klaatu dans sa mission. Or, parviendront-ils tous les deux à sauver la planète avant qu’il ne soit trop tard?

Il y a tout près de soixante ans, un immense robot dont les yeux ont été remplacés par un laser, un extraterrestre qui prend la forme de n’importe quel humain et l’imminence de la destruction de la Terre pouvaient fasciner voire même effrayer les gens. Force est d’admettre qu’aujourd’hui par contre – avec toutes ces incroyables créatures galactiques, ces monstres sortis de l’enfer et des attentats qui se préparent à notre insu -, il faut plus que cela pour ébranler le cinéphile aguerri. Ça prend un climat de tension, une atmosphère chargée de doute, un événement qui vient vous chercher dans les veines. Pas un Keanu Reeves (inoffensif) pour provoquer une onde de panique.

Malgré tout, la prémisse et les préoccupations sociales sont actuelles. Et les extraterrestres sont encore et toujours des sources intarissables de questionnements divers. Il est vrai aussi que l’être humain n’a pas su gérer efficacement les ressources, lui qui n’a pas pris soin de la planète comme il aurait dû. Rien à redire là-dessus. Mais faut-il absolument nous le répéter à toutes les cinq minutes dans le dernier tiers du film pour qu’on comprenne le message? Et puis, était-il nécessaire d’attendre les deux tiers du film pour nous révéler la raison de la visite de Klaatu et de son ami robot sur Terre? Pourquoi en avoir fait tout un mystère quand, en bout de ligne, le résultat compte si peu?

S’il n’a définitivement pas encore la touche pour reconnaître une histoire digne de ce nom, le réalisateur Scott Derrickson a somme toute des qualités indéniables pour donner du lustre à un récit qui manque de punch. Qu’il joue aussi souvent avec le son et l’image, et de façon aussi marquée, prouve à quel point il cherche à laisser son empreinte sur la majorité des scènes. Il est assurément celui qui s’implique le plus dans l’aventure. Certes, tout bon cinéaste doit aussi se donner entièrement dans la direction d’acteurs. Mais il faut que les personnages aient au préalable eu droit à un certain traitement de faveur.

Imperturbable. Voilà l’adjectif qui résume à lui seul tout le travail de Keanu Reeves. Souvent écorché en raison de la piètre qualité de son jeu (avec raison), l’acteur garde le même comportement tout au long du film. Aucune expression ne se lit sur son visage. Cette aventure représente toutefois un poids beaucoup trop lourd à porter pour un acteur de la trempe de Reeves. Mais, à sa défense, son Klaatu ne pourrait être plus linéaire, aussi peu développé. Rien chez lui n’a de force ni de prestance. Et ce n’est pas parce qu’il peut générer du courant électrique qu’il va réussir à nous impressionner. C’est d’ailleurs le sentiment qui nous habite à la vue des autres personnages de cette aventure, qu’on pense à la responsable du gouvernement américain campée par une Kathy Bates antipathique et impertinente, à la scientifique jouée par une Jennifer Connelly aux prises avec des sentiments contradictoires ou encore au jeune garçon qui donne au fils de Will Smith, Jaden Smith, des allures de bébé.

Bref, on veut bien que les extraterrestres nous payent une petite visite – en même temps qu’une petite frayeur – pour protéger le reste du système solaire. On veut bien croire qu’en plus des terroristes, des maniaques, des pollueurs et autres individus intéressés à détruire pour le simple plaisir, qu’il y a une nouvelle raison de s’alarmer. Qu’il y a une autre forme de vie s’apparentant à la nôtre dans une autre galaxie. Mais est-il possible, depuis le temps qu’on attend qu’ils viennent nous dire bonjour, que les extraterrestres soient à la hauteur de nos attentes?

Par Yan Lauzon

Vu en version originale anglaise.

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