Depuis 1950, quatre sympathiques monstres – l’être bleu et gélatineux B.O.B., le minuscule docteur Cafard, le chenille géante Insectosaure et Maillon Manquant, croisement entre un poisson et un singe – sont détenus dans une prison secrète de laquelle ils ne peuvent sortir pour ne pas effrayer la population. Un beau jour, l’étrange quatuor est rejoint par Susan Murphy, une jeune femme qui, sur le point de sa marier, a été frappée par un météorite. Littéralement. Se retrouvant une géante mesurant 20 pieds, elle aboutit en détention. Mais lorsque la destruction de la Terre est évoquée avec l’arrivée des extraterrestres, les cinq sont appelés à la rescousse.
Dans le monde fascinant de l’animation, il y a de gros joueurs. Walt Disney et PIxar ont fait leurs preuves, certes, mais il désormais impossible d’ignorer les réussites de la compagnie DreamWorks Animation. Et pour cause. Sachant s’entourer de talentueux artisans qui savent jouer avec les effets spéciaux tout en combinant judicieusement action et humour, les dirigeants de ce studio enfilent les films lucratifs (Kung Fu Panda, la franchise Shrek, etc.). Monsters vs. Aliens/Monstres contre aliens ne fait pas exception à cette règle, bénéficiant d’un aspect comique qui touche à maintes reprises la cible. Ajoutons à cela que ce ne sont pas les rebondissements qui manquent. Bref, un cocktail très divertissant.
Parfois, par contre, il est difficile de comprendre comment une équipe composée de plusieurs scénaristes peut aboutir à un scénario qui empiète autant sur des films et des histoires populaires. Si souvent on apprécie les clins d’œil envoyés aux œuvres qui ont pavé la voix, on ne peut qu’être troublé par le nombre de références qui, grosses comme un vaisseau spatial, jonchent le sol de ce long métrage de science-fiction. Fallait-il absolument qu’on repense aux films Honey I Blew Up the Kid/Chérie, j’ai gonflé le bébé, King Kong, E.T. The Extra-Terrestrial/E.T. l’extraterrestre (moins subtil que cette allusion-là, tu meurs), au livre Gulliver’s Travels/Les voyages de Gulliver ou aux agissements verts de Al Gore? Et il y en a plusieurs autres, parsemés un peu partout. Évidemment, il y a également cette morale qui veut qu’un changement, aussi brutal soit-il dans la vie, peu être bénéfique. Qu’on peut toujours se surpasser et accomplir de grandes choses… tout en se faisant de nouveaux amis. Mais ces éléments-là accompagnent une bonne partie des scénarios en provenance des États-Unis, alors il vaut mieux en faire son deuil.
Outre l’humour fort bien exploité, l’une des qualités les plus marquantes de Monsters vs. Aliens/Montres contre aliens est sans contredit le choix des acteurs – dans la version originale anglaise – qui prêtent leur voix aux colorés personnages. Reese Witherspoon, Hugh Laurie, Kiefer Sutherland et Stephen Colbert accomplissent tour à tour un boulot honnête, mais ce sont l’imparable Seth Rogen (le gélatineux B.O.B. lui va à merveille) et Will Arnett (la prétention de Maillon Manquant est très accrocheuse) qui donnent un punch indéniable à la distribution. De plus, on se laisse facilement prendre par ces péripéties rocambolesques. Dès la minute où une partie d’un météorite vient frapper la mariée, le coup d’envoi du délire est amorcé. Ne reste plus qu’à se laisser entraîner par cette ribambelle de clowns (parmi eux, le président américain est tout sauf l’homme de la situation), ces éléments visuels qui gagneront les enfants mais aussi les adultes et cette musique, omniprésente et dansante, pour apprécier le voyage.
Ironiquement, malgré plusieurs détails qui sont calqués sur d’autres productions, Monsters vs. Aliens/Montres contre aliens est un film d’animation original qui a fait le pari de miser sur une bonne dose d’humour et des monstres sympathiques. Certes, les pans de la culture américaine sont gros comme le bras (voilà un reproche qui ne s’estompera pas), mais le dynamisme de l’aventure vient détourner une partie des excès. Il arrive encore trop souvent qu’une histoire de science-fiction soit hermétique et difficile d’approche pour ceux et celles qui ne sont pas passionnés par le genre. Ce n’est pas du tout le cas ici.
Par Yan Lauzon
Vu en version originale anglaise.