Van Helsing Affiche de film

Van Helsing

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Critique

Chaque année ou presque c'est la même chose. Je sais que l'été est officiellement commencé lorsqu'une superproduction que j'attendais avec impatience s'avère une déception amère. Eh! Bien l'été est commencé mes amis. Preuve no.1: Van Helsing, qui propose un acteur que j'aime beaucoup, Hugh Jackman; une actrice ravissante, Kate Beckinsale; des monstres classiques du cinéma, Dracula, le loup-garou et le monstre de Frankenstein. Et une panoplie infinie d'effets spéciaux. Et on s'ennuie quand même.

Toute la faute revient à Stephen Sommers, réalisateur, scénariste et maintenant bourreau officiel de tous les grands monstres de Universal excepté la Créature du Lagon Noir. Il termine ici ce qu'il avait entamé avec La Momie, soit la transformation de monstres dignes et grandioses en machines idiotes à générer de l'argent. Je suis un peu rude avec M.Sommers parce qu'il a eu entre les mains de superbes propriétés au potentiel énorme et Universal lui a de toute évidence offert tous les moyens nécessaires et il nous arrive tout de même avec un produit qui laisse indifférent.

Voici donc Gabriel Van Helsing, un aventurier qui travaille pour le compte du Vatican à combattre le mal de par le monde. Après une introduction le confrontant à un Monsieur Hyde sur les stéroïdes, VH reçoit l'ordre de se rendre en Transylvanie pour protéger les derniers descendants d'une famille importante. Une fois sur place, il y rencontre la belle Anna Valerious, celle qu'il doit protéger et qui s'avère assez apte à prendre elle-même part à l'action, merci. VH se fait accompagner du frère Carl, un apprenti-moine pas trop catholique joué par le fort amusant David Wenham, un des points positifs du film. Ensemble, ils auront à faire face à Dracula, dont les plans machiavéliques impliquent également le loup-garou et le monstre de Frankenstein.

Van Helsing démarre pourtant sur les chapeaux de roue avec une séquence d'ouverture en noir et blanc tout à fait savoureuse, prometteuse, respectueuse des classiques et complètement réussie. Pendant quelques minutes on peut encore croire que l'action 'popcornesque' à venir sera teintée de nuance et d'hommage aux origines de ces monstres jadis fabuleux. Mais non. L'arrivée de la couleur dans le film marque le départ de tout semblant de sérieux et de toute cohérence. Sommers n'a pas autant 'écrit' le film qu'il a assemblé de façon maladroite une série de séquences qu'il aimerait voir s'il en avait les moyens. Il tourne le tout comme s'il prenait ses lubies très très au sérieux et laisse en pan ses acteurs, pris au piège de dialogues minimalistes et ridicules. Sérieusement, les dialogues de ce film ne comportent qu'un de ces deux éléments: soit il s'agit 'd'exposition' (fournir rapidement quantité de détails sur l'intrigue au lieu de nous la montrer) soit il s'agit de 'one liners', courtes phrases censées faire rire. C'est tout. Parce que pour Sommers, chaque ligne de dialogue retarde sa prochaine extravagance artificielle totalement générée par ordinateur. Jackman, Beckinsale et Richard Roxburgh dans la peau de Dracula font donc leur possible mais ils perdent leur temps. Les dédales du scénario de Sommers sont trop ridicules, trop illogiques, trop forcés pour résister à l'analyse la plus mineure.

Van Helsing n'a donc de valeur uniquement que comme spectacle. Sur ce plan, c'est un gros spectacle tonitruant qui ne laisse jamais plus de 10 secondes de répit, pour s'assurer que personne n'ait le temps de réfléchir. Sérieusement, c'est sans arrêt que Sommers nous envoie les séquences dont il rêve depuis si longtemps. Il devient comme un enfant tombé dans la jarre à effets spéciaux qui n'a aucun adulte pour lui imposer quelques saines limites. C'est trop, le summum du spectacle vide. On ne ressent rien, on ne pense rien, on ne se souvient de rien. On regarde, un peu hypnotisé par l'accumulation frénétique d'images en mouvement et de sonorités assourdissantes mais rien ne reste en mémoire plus de 10 secondes.

Visuellement, ça varie énormément. Les décors sont grandioses et souvent impressionnants, les effets d'une qualité en dents de scie. Les créatures totalement générées par ordinateurs sont aussi peu efficaces que dans Le retour de la momie mais d'autres effets sont réussis comme lorsque les vampires ouvrent la bouche pour mordre.

J'avais bien hâte de voir Van Helsing mais il faut se rendre à l'évidence: le film est l'incarnation même du spectacle sans âme. Ce qui peut être acceptable en période estivale mais même en tant que spectacle, Van Helsing n'est pas très excitant. J'espère que Sommers laissera nos monstres reposer en paix maintenant et qu'il ira massacrer autre chose.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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