En bonne compagnie

Critique

De plus en plus de gens ont cette désagréable expérience liée aux acquisitions corporatives : vous aimez votre boulot, vous le faites bien, tout va pour le mieux même s’il y a place à amélioration. Puis une plus grosse compagnie achète la vôtre et, soudainement, vous vous retrouvez avec un imbécile comme patron, imbécile qui doit justifier son poste en chambardant toute la façon de faire de votre compagnie et en réduisant les effectifs à un niveau dangereux. J’ai vécu cette situation et bon nombre d’entre vous aussi sans aucun doute.

C’est aussi exactement ce qui arrive à Dan Foreman (Dennis Quaid) qui se retrouve avec un jeunot qui a la moitié de son âge (et aucune de son expérience) comme patron à la tête des ventes publicitaires du magazine Sports America lorsque la compagnie est achetée par un conglomérat international. Le nouveau directeur des ventes, Carter Duryea, n’est pas un mauvais gars, mais le vide de son existence n’a été jusqu’à maintenant comblé par le matériel et la carrière. Au contact de Dan, le jeune Carter découvrira que la vie ne se résume pas à la plus belle voiture et à l’appartement le plus chic.

Paul Weitz nous revient deux ans après About a Boy et cette fois-ci on inverse la tendance : dans About a Boy, le personnage le plus âgé découvrait de nouvelles valeurs grâce à un garçon. Dans En bonne compagnie, c’est le plus jeune qui se fait faire la leçon par le vétéran. Dès le départ, la balance du film penche vers une sensibilité très « vieux jeu », et le film prend le parti du dinosaure que représente Dan et la vieille garde. La nouvelle génération, selon le film, croit tout connaître mais ne sait en fait rien de l’essentiel dans la vie. C’est tellement capra-esque qu’on s’attendrait presque à voir Jimmy Stewart plutôt que Dennis Quaid.

Dans les rôles principaux, Dennis Quaid et Topher Grace dégagent une chimie facile, une complicité qui facilite les incongruités que le scénario (également de Weitz) nous demande d’avaler, notamment ce revirement de situation en fin de parcours qui s’avère plaisant pour le public moyen mais pas très logique dans la réalité. De même les deux gaillards sont fort bien appuyés par Scarlett Johansson et Marg Helgenberger, qui jouent respectivement l’aînée et l’épouse de Dan. Curieusement, l’ancre émotive du film est un personnage secondaire joué par David Paymer et dont les courtes apparitions viennent ponctuer les incidents du scénario.

Si la finale de En bonne compagnie n’est absolument pas plausible, ses valeurs traditionnelles et son cœur sont à la bonne place, ce qui en fait un film agréable et sympathique, qui résiste à certaines tentations mais cède à d’autres. Les acteurs nous charment sans trop d’efforts et l’ensemble se laisse regarder tout aussi facilement. Ça n’a ni l’originalité ni la résonance de About a Boy, mais vaut bien le détour, surtout si vous êtes fan d’un ou de l’autre des acteurs principaux.

par Nicolas Laccroix
vu en version originale anglaise